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L’équipe de France masculine dispute samedi la toute première finale olympique de son histoire face à au Comité olympique russe à l’Ariake Arena de Tokyo (14h15 sur France 3 et Eurosport). L’aboutissement pour Laurent Tillie et son groupe d’une aventure née il y a neuf ans et que tous veulent terminer sur la plus haute marche du podium.
Laurent Tillie, même dans ses rêves les plus fous, aurait difficilement imaginé diriger son dernier match à la tête de l’équipe de France en finale des JO de Tokyo. Ce que le sélectionneur concédait d’ailleurs jeudi à l’issue de la demi-finale remportée face à l’Argentine (3-0) : "C’est magique, c’est une belle histoire parce que c’était quand même un peu improbable de jouer une finale olympique pour la fin de ce cycle." Improbable, mais pour autant pas impossible pour un groupe qui s’est fait une spécialité des retournements de situation inattendus.
Passée à côté, mais de peu, de ses premiers Jeux il y a cinq ans à Rio, l’équipe de France a failli ne pas voir le Japon, arrivée au Tournoi de qualification olympique de Berlin en janvier 2020 amoindrie et dans le doute, pour en repartir une semaine plus tard, grâce notamment à l’éclosion de joueurs comme Jean Patry (MVP) et Yacine Louati, avec son billet en poche, non sans avoir été au bord du gouffre en demi-finale face à la Slovénie.
A Tokyo, elle a également tutoyé les abîmes, passée tout près de la catastrophe après deux défaites en trois matchs (face aux Etats-Unis puis à l’Argentine), avant de se relever en allant chercher sa qualification pour les quarts de finale, déjà historique, face aux mastodontes russes (victoire 3-1) et brésiliens (défaite 3-2), puis de sortir un match majuscule en quarts de finale contre les doubles champions du monde polonais (3-2) et une performance tout en maîtrise face à l’Argentine (3-0). "On était presque dehors de la compétition, on a eu ce déclic au premier match contre la Russie, on revient de loin", commente le capitaine Benjamin Toniutti.
La clé de cette mutation ? La force d’un groupe qui, même dans la difficulté, ne s’est pas désuni, Laurent Tillie ayant réussi au cours de son mandat de neuf ans à faire cohabiter deux générations, celle qui est à ses côtés depuis 2012 (Benjamin Toniutti, Earvin Ngapeth, Nicolas Le Goff, Jenia Grebennikov, Kevin Tillie) et celle qui est arrivée en cours de route (Trévor Clevenot, Stephen Boyer, Antoine Brizard, Barthélémy Chinenyeze, Jean Patry, Yacine Louati, Daryl Bultor). Quand bien même les statuts des uns et des autres ont parfois changé, à l’image de celui de Benjamin Toniutti, excellent face aux Russes et Brésiliens, puis sur le banc une bonne partie du match contre la Pologne et lors de la demi-finale. "Il est titulaire en équipe de France depuis plus de dix ans et là, à chaque fois que c’est moi qui joue, il me donne beaucoup de force et de soutien, c’est admirable de sa part", confirme Antoine Brizard l’autre passeur tricolore. "Je suis là depuis douze ans, pour le groupe, pour l’équipe de France. Que ce soit sur le terrain ou en dehors, je suis là pour apporter de l’expérience, de la sérénité ; depuis Berlin, on a créé quelque chose dans ce que chacun apporte", ajoute « Totti ».
Cette force collective, les Bleus vont en avoir grandement besoin au moment de retrouver l’équipe du Comité olympique russe (la Russie, sanctionnée pour dopage, ne peut pas jouer ces Jeux sous ses couleurs), clairement la formation la plus impressionnante depuis le coup d’envoi du tournoi. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les partenaires du pointu Maxim Mikhailov, qui a côtoyé Earvin Ngapeth à Kazan, ont remporté six matchs sur sept, ne concédant lors de ses six victoires que trois sets, dont deux au Brésil champion olympique qu’ils ont battu deux fois 3-1, la seconde jeudi en demi-finale, remontant notamment un handicap de huit points au troisième set (de 12-20 à 26-24). Leur seule défaite ? Contre la France en poule, alors qu’ils étaient déjà assurés de la qualification pour les quarts de finale.
Ce qui fait dire à Antoine Brizard, sourire en coin : "Ça va être un match complètement différent du premier tour, ils seront archi favoris mais ça nous arrange." La clé pour perturber cette machine de guerre, incarnée, outre par Mikhailov, par les réceptionneurs/attaquants Egor Kliuka et Dmitry Volkov, les centraux Artem Volvich et Ivan Iakovlev, et un banc XXL (Victor Poletaev, Yaroslav Plodesnykh, Pavel Pankov…) ? "La Russie n’a pas l’habitude d’affronter le genre de jeu que l’on pratique, on s’arrache sur tous les ballons, on joue des trucs qu’on n’a pas l’habitude de voir en volley, un mélange de combativité et de créativité. Ça les rend fous car ils sont beaucoup sur le physique, la hauteur, la puissance, nous, on est plus roublards, on met des feintes, on joue avec le bloc, on est patients", répond le pointu Jean Patry, 24 ans et une analyse de vieux briscard.
Ce jeu à la française, sorte de French flair façon volley, sera à n’en pas douter le meilleur atout de cette équipe de France au moment de défier la Russie championne olympique en 2012 (et titrée trois fois à l'époque de l'URSS). "Cette finale, il faudra l’aborder comme les derniers matchs, en essayant d’oublier l’enjeu, sans se mettre de pression", estime Earvin Ngapeth. Qui, comme ses partenaires, même comblé par la certitude de repartir du Japon avec au pire une médaille d’argent autour du cou, rêve de finir cette histoire en or et d’offrir à Laurent Tillie la plus belle des sorties.
"On ne peut qu’être admiratif du travail de Laurent, de son staff et de tout le groupe qui, après avoir offert à la France ses premiers titres en 2015 (Ligue Mondiale et Championnat d’Europe), marquent encore l’histoire avec cette inédite finale olympique. Je suis persuadé qu’ils donneront tout samedi pour décrocher l’or, c’est tout ce que mérite ce groupe formidable", conclut le président de la Fédération Française de Volley, Eric Tanguy.
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